Inside’Paw, bienveillance et bientraitance: trouver le bon équilibre
26 Mars 2025

Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’échanger avec Leslie, éducateur canin et cofondatrice de Paw Spirit, sur un sujet fondamental dans la relation humain-chien : bienveillance ou bientraitance ? Comment éviter de tomber dans le piège du “laisser-faire” au détriment du bien-être du chien ?
Journaliste : Leslie, on entend souvent parler de bienveillance dans l’éducation canine, mais aussi de bientraitance. Peux-tu nous expliquer la différence ?
Leslie : Bien sûr ! La bienveillance, c’est avoir de bonnes intentions envers son chien, vouloir éviter toute souffrance et être attentif à son bien-être. C’est une approche basée sur l’écoute et l’empathie.
La bientraitance, elle, va plus loin : ce n’est pas juste “ne pas faire de mal”, c’est aussi répondre réellement aux besoins du chien, en prenant en compte son bien-être physique, mental, émotionnel et social.
Trop souvent, on confond bienveillance et laisser-faire. Les maîtres veulent bien faire, mais ils finissent parfois par altérer la relation humain-chien, en oubliant des choses essentielles comme le cadre, la structure et la cohérence.
Journaliste : Tu veux dire que vouloir trop faire plaisir à son chien peut avoir des effets négatifs ?
Leslie : Exactement ! Beaucoup de maîtres pensent qu’un chien heureux est un chien en liberté totale, qui peut jouer avec tous les autres chiens, qui choisit tout. Mais en réalité, ça peut créer du stress, de la frustration, et une perte de connexion avec l’humain.
Prenons un exemple concret : Un maître lâche son chien dans un parc en se disant “il va s’amuser, il va se fatiguer, c’est bon pour lui”. Mais le chien, lui, peut être débordé par les interactions, ne pas savoir comment réagir face aux autres, ou même être en train de subir l’excitation du groupe.
Journaliste :Donc, la socialisation ne veut pas forcément dire “laisser son chien voir tout le monde” ?
Leslie : Exactement. La vraie socialisation, ce n’est pas juste mettre son chien avec d’autres. C’est lui apprendre à bien interagir, à lire les codes canins, à savoir gérer ses émotions. Mais sans oublier la socialisation dans la vie humaine !
Par exemple, certains chiens sont plus introvertis, plus observateurs. Vouloir absolument les forcer à jouer peut être contre-productif. Ce n’est pas parce qu’un chien ne joue pas qu’il est malheureux !
Chaque chien est unique, et son bien-être passe par des interactions adaptées, pas imposées.
À retenir : les erreurs les plus fréquentes quand on confond bienveillance et bientraitance
❌ Erreur fréquente : Céder à toutes les demandes du chien
✅ Ce qu’il vaut mieux faire : Apprendre à dire non pour offrir un cadre rassurant
❌ Erreur fréquente : Laisser interagir sans filtre avec tous les congénères
✅ Ce qu’il vaut mieux faire : Sélectionner les rencontres et apprendre les bons codes canins
❌ Erreur fréquente : Éviter toute forme de frustration
✅ Ce qu’il vaut mieux faire : Travailler la tolérance à la frustration pour aider le chien à grandir émotionnellement
La clef, c’est l’équilibre entre douceur et structure.
Journaliste : On parle aussi beaucoup de liberté dans l’éducation canine. Comment trouver le bon équilibre ?
Leslie : La liberté, c’est super, mais ça ne veut pas dire faire n’importe quoi. Un chien doit être libre dans un cadre structurant, où il sait ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas.
Par exemple, un chien qui n’a pas de rappel et qu’on lâche n’importe où n’est pas “libre”, il est juste hors de contrôle. S’il part trop loin, s’il ne revient pas quand on l’appelle, alors ce n’est plus de la liberté, c’est de l’incohérence.
Pareil pour la maison : un chien sans règles va finir stressé, parce qu’il ne sait pas ce qu’on attend de lui. La vraie bientraitance, c’est de lui offrir un cadre rassurant, avec des règles claires et cohérentes.
Journaliste : Donc, en résumé, la bientraitance inclut la bienveillance, mais avec un cadre structuré ?
Leslie : Exactement ! La bienveillance seule ne suffit pas si elle n’est pas accompagnée d’une vraie compréhension du chien et de ses besoins réels.
Un chien a besoin d’une relation forte avec son humain, pas juste d’interactions avec d’autres chiens.
Un chien a besoin de liberté, mais pas d’un laisser-faire total.
Un chien a besoin d’apprendre à gérer ses émotions, pas juste à “se défouler”.
Un chien équilibré, c’est un chien qui sait où sont ses repères, qui fait confiance à son maître, et qui évolue sereinement dans son environnement.
Journaliste : Dernière question : quel conseil donnerais-tu aux propriétaires qui veulent bien faire, mais qui ont peur d’être trop stricts avec leur chien ?
Leslie : Je leur dirais que poser un cadre ne signifie pas être dur ou injuste. Au contraire, c’est un cadeau qu’on fait à son chien. Un chien qui sait ce qu’il peut ou ne peut pas faire est rassuré, apaisé, confiant et respectueux.
Mes conseils seraient donc :
✔️ Observez votre chien : quels sont ses vrais besoins ? Est-il vraiment bien dans une situation ou est-ce juste ce que cela vous rassure à vous?
✔️ Mettez en place des règles claires : pas pour “dominer” votre chien, mais pour qu’il sache comment interagir avec vous et son environnement.
✔️ Travaillez votre relation : un chien qui vous fait confiance n’aura pas besoin de tout gérer par lui-même.
Parce qu’au final, un chien n’a pas besoin qu’on lui donne tout, il a besoin qu’on lui donne *les bonnes choses au bon moment*.
Journaliste : Merci Leslie pour cet échange passionnant ! On retient donc que la bientraitance, c’est une bienveillance intelligente, avec un cadre qui respecte les besoins réels du chien.
A très vite pour la prochaine édition !